Tuesday, October 27, 2009

Schrödinger's Cat

"Le roi de la mer du Sud s’appelait Shu, le roi de la mer du Nord s’appelait Hu, et le roi du Centre s’appelait Indétermination. Shu et Hu rendaient fréquemment visite à Indétermination, qui les accueillait avec beaucoup d’urbanité. Shu et Hu, désirant lui exprimer leur reconnaissance, lui dirent : "Tous les hommes ont sept orifices qui leur permettent de voir, d’entendre, de manger et de sentir ; vous seul en êtes dépourvu. Si nous vous percions ces orifices? " Et chaque jour ils lui percèrent un orifice ; le septième jour c’en était fait d'Indétermination: il était mort."

(莊子, extrait // excerpt, 南華眞經)

Saucisses

"Que sont une terre et sa nature sans ceux qui l'habitent, lui donnent un nom et construisent son histoire? Sur quoi repose l'existence de ces gens qui habitent ces paysages somptueux, cette terre si rude? L'environnement peut-il modeler les hommes? Est-il possible de penser que la nature les grandit, les transforme pour le meilleur ou le pire? [...]
- Unnur, tu vas prendre un hamburger ou un hot dog quand nous serons arrivés à Hella?
Je suis brutalement tirée de mes réflexions et je ralentis un peu. La question provient du dessous de la visière du photographe que je croyais profondément endormi.
- On est en pleine nuit, Sigurgeir, tout est fermé à Hella.
- Et si on se grillait des saucisses au refuge de Nyidalur?
- On pourrait faire ça.
- Tu l'imagines comment, le paradis?
- Le paradis...? Je crois qu'il pourrait être tout à fait comme ça. Sables noirs, glaciers étincelants, taches vertes de végétation. Tu files à toute allure et droit devant toi, il y a le sud.
Il relève sa casquette, se redresse et scrute le paysage. Je rajoute doucement:
- Peut-être que le désert de Sprengisandur porte en lui les ombres d'êtres non encore modelés et les histoires encore non vécues des futures générations.
Il s'allonge à nouveau et rabaisse sa casquette sur ses yeux.
- Réveille-moi à Nyidalur."

(Unnur Jökulsdóttir, extrait // excerpt, Íslendingar)

Wednesday, September 2, 2009

Errant

"Non, il pense qu'en vérité il a toujours habité dans cette
ville-là, qu'il y est né et qu'il y a été élevé.
Quoi d'étonnant si l'esprit ne se souvient pas de ses anciennes
demeures, qu'il habita et où il naquit jadis,
Puisque ce monde, à l'instar du sommeil, le recouvre, comme
les nuages qui recouvrent les étoiles;
D'autant qu'il a parcouru tant de cités et que la poussière
n'a pas été encore balayée de sa faculté de perception
Et qu'il n'a pas fait non plus d'ardents efforts pour que son
cœur devienne pur et contemple le passé,
De telle sorte que son cœur puisse jeter un coup d'œil par
l'ouverture de ce mystère et puisse voir ouvertement le
commencement et la fin."

(جلال الدین محمد بلخى, extrait // excerpt, مثنوی معنوی, trad. inconnue // unknown transl.)

Tuesday, August 4, 2009

Wall

I was sayin' let me outta here before I was even born,
It's such a gamble when you get a face,
It's fascinatin' to observe what the mirror does,
But when I dine it's for the wall that I set a place.

I belong to the blank generation,
And I can take it or leave it each time.
I belong to the ____ generation,
But I can take it or leave it each time.

(Richard Hell/Television, extrait // excerpt, Blank Generation)

Saturday, August 1, 2009

Pain

He entered, but he entered full of wrath;
His flaming robes streamed out beyond his heels,
And gave a roar, as if of earthly fire,
That scared away the meek ethereal Hours
And made their dove-wings tremble. On he flared,
From stately nave to nave, from vault to vault,
Through bowers of fragrant and enwreathèd light,
And diamond-pavèd lustrous long arcades,
Until he reached the great main cupola.
There standing fierce beneath, he stamped his foot,
And from the basement deep to the high towers
Jarred his own golden region; and before
The quavering thunder thereupon has ceased,
His voice leapt out, despite of god-like curb,
To this result: "O dreams of day and night!
O monstrous forms! O effigies of pain!
O spectres busy in a cold, cold gloom!
O lank-eared Phantoms of black-weeded pools!
Why do I know ye? Why have I seen ye? Why
Is my eternal essence thus distraught
To see and to behold these horrors new?
Saturn is fallen, am I too to fall?
Am I to leave this heaven of my rest,
This cradle of my glory, this soft clime,
This calm luxuriance of blissful light,
These crystalline pavilions, and pure fanes,
Of all my lucent empire? It is left
Deserted, void, nor any haunt of mine.
The blaze, the splendour, and the symmetry,
I cannot see -- but darkness, death and darkness."

(John Keats, Hyperion -- A Fragment, extrait // excerpt)

Titans

"[...] Dites, la sombre terre
Se querelle-t-elle avec les sombres forêts qu'elle a nourries,
Et qu'elle nourrit encore, plus avenantes qu'elle?
Peut-elle dénier la suzeraineté des verts bosquets?
Ou l'arbre sera-t-il jaloux de la colombe
Parce qu'elle roucoule et a des ailes de neige
Qui lui permettent de vagabonder et de trouver ses joies?
Nous sommes semblables à ces grands arbres, et nos belles branches
Ont engendré, non de pâles colombes solitaires,
Mais des aigles au plumages d'or, qui nous dominent
Par leur beauté, et qui doivent régner
En vertu de ce droit. Car c'est une loi éternelle
Que le premier en beauté doit être le premier en puissance"

(John Keats, Hyperion -- A Fragment, extrait // excerpt, trad. // transl. Paul de Roux)